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Ajouter des panneaux solaires à une installation existante : calculs, contraintes et bonnes pratiques

Ajouter des panneaux solaires à une installation existante : calculs, contraintes et bonnes pratiques

Ajouter des panneaux solaires à une installation existante : calculs, contraintes et bonnes pratiques

Ajouter des panneaux solaires à une installation existante, c’est un peu comme pousser les murs de sa maison : sur le papier, ça paraît simple… jusqu’au moment où l’on se cogne à l’électricité, aux normes, à l’onduleur sous-dimensionné et à la charpente qui a déjà quelques années au compteur.

La bonne nouvelle, c’est qu’agrandir une centrale photovoltaïque est souvent possible, et très pertinent sur le plan économique. Mais cela demande quelques calculs, un diagnostic sérieux, et quelques arbitrages techniques.

Dans cet article, je vous propose un tour d’horizon pragmatique : comment vérifier que votre installation peut être agrandie, quels calculs faire, quelles contraintes anticiper, et quelles bonnes pratiques adopter pour éviter les mauvaises surprises (et les devis délirants).

Pourquoi vouloir ajouter des panneaux solaires ?

Commençons par le « pourquoi ». Dans la plupart des cas, l’envie d’agrandir vient de l’un de ces constats :

Dans tous les cas, la logique est la même : il faut vérifier si l’existant est compatible avec cette montée en puissance, ou s’il vaut mieux créer une « deuxième installation » quasi indépendante.

Première étape : dresser le bilan de l’installation existante

Avant de parler ajout de panneaux, commençons par ce qui est déjà en place. Un agrandissement sérieux démarre par un diagnostic technique, idéalement avec les documents d’origine :

Les 4 grandes questions à se poser :

Anecdote : chez un particulier en Ardèche, une installation de 3 kWc de 2012 tournait encore correctement. Mais l’onduleur arrivait en fin de garantie, et une partie des fixations toiture n’était plus aux normes actuelles. Résultat : plutôt que d’ajouter « à moitié » quelques panneaux, on a pensé l’extension comme un mini-projet à part entière, avec un nouvel onduleur et une seconde rangée en surimposition sur une autre pente de toit.

Calculs de puissance : jusqu’où peut-on aller ?

Une fois le bilan établi, on peut se pencher sur les chiffres. Les points clés :

1. Vérifier les limites de l’onduleur existant

Pour un onduleur central, trois paramètres comptent :

Exemple : un onduleur de 3 kW avec une puissance DC max de 3,6 kWc. S’il est aujourd’hui couplé à 3 kWc de panneaux, vous avez une petite marge théorique (600 Wc environ). Mais cela suppose d’utiliser des panneaux compatibles en tension et courant, et de recâbler proprement.

Si vous êtes déjà au plafond de l’onduleur, deux options réalistes :

2. Dimensionner par rapport à votre consommation

Ajouter des panneaux « pour le principe » sans regarder vos besoins, c’est le meilleur moyen d’augmenter la part d’énergie injectée gratuitement sur le réseau (si vous n’avez pas de contrat de rachat du surplus).

Pour affiner, regardez :

On vise en général une puissance qui permet de couvrir une large part des consommations diurnes, sans surdimensionner au point d’avoir beaucoup de surplus non valorisé (sauf si vous avez ou envisagez un contrat de rachat).

Compatibilité électrique, tensions et risques de mélange

L’une des erreurs les plus fréquentes, c’est de vouloir mélanger des panneaux récents et anciens sur un même string, sans regarder les fiches techniques.

Sur un même string, il faut que :

Dans bien des cas, surtout au-delà de 5–7 ans d’écart technologique, il est plus simple et plus performant de :

Avec les micro-onduleurs, la problématique est différente : chaque panneau a son propre convertisseur. On peut alors :

Mais là aussi, il faut vérifier la capacité maximale de la ligne AC (section des câbles, disjoncteur, etc.). Un électricien ou un installateur compétent doit impérativement valider ce point.

Contraintes physiques : toiture, structure et ombrages

Une extension se joue aussi sur le terrain, pas uniquement sur Excel.

1. Capacité de la toiture

Même en surimposition, les panneaux ajoutent du poids et des efforts au vent. Sur une toiture en bon état, c’est rarement un problème, mais sur :

… il est parfois plus sage de créer une structure indépendante (carport, pergola solaire, châssis au sol) pour l’extension, plutôt que de charger davantage le toit existant.

2. Orientations et inclinaisons différentes

Envie d’ajouter des panneaux sur une autre pente, voire à l’est ou à l’ouest ? Bonne idée, à condition de l’intégrer dans le dimensionnement :

Sur une maison dans le Vaucluse, par exemple, on a complété un toit sud déjà saturé par une rangée de panneaux à l’ouest, dédiée au véhicule électrique, afin de profiter des fins d’après-midi ensoleillées.

3. Ombrages supplémentaires

En ajoutant des panneaux sur une zone plus basse du toit ou en créant un carport, vérifiez les ombres portées :

Là encore, les micro-onduleurs ou optimiseurs peuvent limiter les pertes en cas d’ombres partielles, mais ils ne font pas de miracles si la moitié du champ passe à l’ombre dès 15 h.

Raccordement et démarches administratives

En France, on ne peut pas simplement « rajouter quelques panneaux » sans se poser la question du raccordement et des contrats existants.

1. Si vous avez un contrat d’obligation d’achat « vente totale »

Dans ce cas, toute votre production actuelle est injectée sur le réseau. Ajouter des panneaux sur le même point de livraison peut :

Il est parfois plus intéressant de laisser l’ancien système inchangé avec son contrat très avantageux, et de créer une nouvelle installation en autoconsommation sur un second compteur ou sur le même tableau, mais avec une logique de valorisation différente.

2. Si vous êtes en autoconsommation avec vente de surplus

Là, l’extension est en général plus simple, mais il faut malgré tout :

Votre installateur doit vous accompagner sur ces démarches. Si ce n’est pas le cas… changez d’installateur.

Stratégies techniques pour agrandir intelligemment

Une fois les contraintes posées, plusieurs stratégies émergent.

1. Optimiser l’existant + petit ajout

Si votre onduleur a un peu de marge et que votre toiture n’offre pas de gros potentiel supplémentaire, une petite extension peut suffire :

C’est typiquement le scénario où vous avez ajouté un gros consommateur (petite PAC, ballon ECS), mais que vos besoins ne justifient pas un doublement de puissance.

2. Deuxième installation autonome en parallèle

Scénario très fréquent aujourd’hui, surtout avec l’autoconsommation :

Avantages :

3. Remplacement anticipé de l’onduleur pour monter en gamme

Si votre onduleur commence à vieillir (8–10 ans et plus), une approche pertinente peut être :

On amortit ainsi le coût de remplacement par le gain de production. C’est particulièrement intéressant sur des installations initialement sous-dimensionnées ou réalisées à une époque où les panneaux étaient beaucoup plus chers.

Bonnes pratiques issues du terrain

En parcourant la France pour auditer ou agrandir des installations, certains réflexes reviennent systématiquement.

Faut-il parfois repartir de zéro ?

Question qui revient souvent : « Mon installation a plus de 12 ans, mes panneaux sont de 220 Wc, mon onduleur a déjà été réparé une fois… Est-ce que ça vaut le coup de rajouter ? »

Dans certains cas, la réponse honnête est : il est plus rationnel de :

Pourquoi ?

Ce n’est pas la réponse la plus séduisante sur le moment… mais sur 20 ans, c’est souvent la plus rentable.

Erreurs fréquentes à éviter

Pour terminer, quelques pièges récurrents quand on veut agrandir une installation :

Ajouter des panneaux à une installation existante est souvent une excellente idée, à condition de traiter cela comme un vrai mini-projet photovoltaïque, pas comme un simple « rajout de deux panneaux sur le côté ». Un bon diagnostic, quelques calculs bien posés, une réflexion globale sur vos usages futurs, et vous pouvez gagner plusieurs centaines de kWh par an… sans transformer votre toiture en laboratoire d’expériences hasardeuses.

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