Kit solaire 9kw triphasé avec batterie : pour quelles maisons et quelles habitudes de consommation

Kit solaire 9kw triphasé avec batterie : pour quelles maisons et quelles habitudes de consommation

Installer un kit solaire 9 kW triphasé avec batterie, ce n’est pas juste « voir large ». C’est faire un vrai choix de mode de vie électrique : type de maison, équipements, manière de consommer… tout y passe. Dans certains cas, c’est un combo redoutablement efficace. Dans d’autres, c’est un surinvestissement qui ne sera jamais vraiment optimisé.

Dans les lignes qui suivent, je vous propose de passer en revue, de manière très concrète, pour quels types de maisons et quels profils de consommation ce genre de kit est pertinent… et dans quels cas il vaut mieux viser plus petit (ou différent).

9 kW triphasé : de quoi parle-t-on exactement ?

Avant de parler habitudes de vie, un petit détour technique s’impose. Un kit solaire 9 kW triphasé avec batterie regroupe généralement :

  • une puissance photovoltaïque installée d’environ 9 kWc (kilowatts-crête) ;
  • un onduleur hybride triphasé, capable de gérer à la fois le réseau et la batterie ;
  • une batterie (lithium la plupart du temps), dimensionnée souvent entre 10 et 20 kWh de capacité utile ;
  • un raccordement au réseau public en triphasé (3 x 230/400 V) ;
  • un système de supervision (applications, passerelle de comptage, etc.).

9 kWc, cela signifie qu’en plein soleil, dans des conditions de test standard, votre générateur peut fournir jusqu’à 9 kW électriques. Dans la pratique, en France métropolitaine, cela représente généralement entre 9 000 et 13 000 kWh produits par an selon la région, l’orientation et l’inclinaison.

Le triphasé, lui, est surtout nécessaire lorsque :

  • vous avez un abonnement EDF/Enedis déjà en triphasé (souvent > 12 kVA) ;
  • vous possédez de gros appareils en triphasé (pompe à chaleur, atelier, moteur, etc.) ;
  • vous voulez bien répartir les charges pour éviter de saturer une seule phase.

Ajoutez à cela une batterie et vous ne jouez plus uniquement la carte de l’autoconsommation immédiate, mais aussi celle du « stockage pour plus tard » : consommer le soir ce que vous avez produit l’après-midi, lisser les pics, sécuriser certaines charges en cas de coupure (selon la configuration).

Quel type de maison est adapté à un kit 9 kW triphasé avec batterie ?

Dans la pratique, je vois ce type de configuration surtout dans trois grands profils d’habitations :

Maison familiale spacieuse, bien équipée… et plutôt énergivore

Typiquement :

  • une maison individuelle de 120 à 200 m² ;
  • 4 personnes ou plus ;
  • chauffage électrique (ou pompe à chaleur), eau chaude électrique ;
  • éventuellement piscine, spa, ou équipements de confort énergivores.

Ce genre de maison peut facilement atteindre :

  • 10 000 à 15 000 kWh/an sur la partie « usages spécifiques » (électroménager, lumière, informatique, etc.) ;
  • et 5 000 à 15 000 kWh/an supplémentaires pour le chauffage et l’eau chaude, selon l’isolation et la région.

Avec une bonne isolation, une pompe à chaleur performante et des usages bien répartis, un kit 9 kW avec batterie peut couvrir une grosse partie de la consommation annuelle, surtout si une bonne part de la consommation a lieu en journée (télétravail, présence d’un parent à la maison, etc.).

Maison avec gros équipements électriques : pompe à chaleur + piscine + véhicule électrique

C’est la configuration que je rencontre de plus en plus sur le terrain.

  • Pompe à chaleur air/eau ou air/air en triphasé ;
  • filtration piscine (et parfois pompe à chaleur pour piscine) ;
  • borne de recharge pour voiture électrique ;
  • éventuellement ballon d’eau chaude thermodynamique.

Dans ces maisons, il n’est pas rare de voir la facture grimper à 18 000–20 000 kWh/an. Là, les 9 kWc prennent un sens évident, à condition de paramétrer correctement les usages :

  • recharge du véhicule principalement en journée (si possible au travail à domicile ou en fin de matinée / début d’après-midi) ;
  • filtration piscine calée sur les heures d’ensoleillement ;
  • chauffe de l’eau chaude sanitaire en priorité sur le photovoltaïque.
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La batterie permet ici d’amortir le décalage entre production solaire et consommation du soir : retour du travail, cuisson, éclairage, TV, fin de charge du véhicule, etc.

Maison avec atelier, petite activité professionnelle ou semi-agricole

Dernier grand profil : ceux qui ont une activité « gourmande » en énergie sur place.

  • atelier de menuiserie avec machines triphasées ;
  • petite ferme avec pompes, chambre froide, laiterie ;
  • professionnel libéral + serveur, informatique, climatisation de bureau ;
  • studio photo, atelier de fabrication, etc.

Dans ce cas, la consommation en journée est structurellement élevée. C’est le terrain de jeu idéal d’un kit 9 kW triphasé, avec une batterie dimensionnée pour sécuriser les pics de charge et assurer une certaine continuité en cas de microcoupures ou de réseau capricieux (situation fréquente dans certains hameaux ruraux).

Quels profils de consommation profitent vraiment d’une batterie ?

Installer 9 kW de panneaux sans batterie et ajouter du stockage sont deux stratégies très différentes.

La batterie devient intéressante lorsque :

  • vos pics de consommation principaux sont le matin tôt et le soir (mais pas uniquement) ;
  • vous êtes prêts à adapter partiellement vos habitudes pour maximiser l’autoconsommation (lancer lave-linge, lave-vaisselle, etc. en journée) ;
  • vous souhaitez réduire très fortement la part d’électricité achetée le soir et la nuit ;
  • vous subissez des coupures régulières et voulez assurer un secours partiel (configuration spécifique à prévoir avec l’installateur).

Concrètement, si :

  • la maison est vide de 8h à 18h du lundi au vendredi,
  • vous chauffez au gaz ou au bois,
  • vous rechargez votre voiture uniquement la nuit,

… alors même un kit 9 kW avec batterie aura du mal à donner tout son potentiel, sauf à vraiment revoir la façon d’utiliser vos appareils.

À l’inverse, un foyer où :

  • au moins une personne est présente la journée (télétravail, retraite, temps partiel) ;
  • les gros électroménagers sont programmés sur les heures ensoleillées ;
  • le véhicule électrique peut être rechargé une partie de la journée ;

… peut atteindre des taux d’autoconsommation très élevés, souvent au-delà de 60–70 %, et même plus avec une batterie bien dimensionnée.

Comment dimensionner la batterie pour un kit 9 kW ?

Je vois souvent une erreur : surdimensionner la batterie par rapport aux usages. Une grosse batterie qui reste à moitié pleine toute l’année, c’est un investissement immobilisé pour rien.

Quelques repères pratiques :

  • Une maison avec 9 kWc bien exposés peut produire 30–45 kWh sur une bonne journée d’été, 5–15 kWh sur une journée d’hiver selon les régions.
  • La batterie doit permettre de stocker l’excédent réellement disponible après consommation directe en journée.
  • Dans beaucoup de cas résidentiels, une fourchette de 10 à 15 kWh utiles est cohérente pour 9 kWc.

Par exemple :

  • Famille de 4 personnes, PAC, piscine, télétravail partiel : une batterie de 12–15 kWh permet de bien lisser la fin de journée et le début de soirée.
  • Couple sans enfants, bien isolé, présence en journée, peu d’appareils lourds : 7–10 kWh peuvent suffire, même avec 9 kWc.

En pratique, je conseille souvent de commencer « raisonnable » et de choisir un système évolutif : possibilité d’ajouter des modules de batteries plus tard, en fonction du retour d’expérience réel sur 1–2 ans.

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Pourquoi le triphasé change la donne

En monophasé, le dimensionnement est surtout une histoire de puissance totale. En triphasé, il faut en plus se soucier de la répartition des charges sur les trois phases.

Un onduleur triphasé 9 kW va par exemple délivrer typiquement 3 kW par phase (avec plus ou moins de souplesse selon les modèles). Si vous avez :

  • une borne de recharge 7 kW monophasée à cheval sur une seule phase ;
  • et peu de charges sur les autres phases,

vous risquez de tirer fortement sur une seule phase, alors que le solaire produit de manière équilibrée sur les trois. D’où l’importance :

  • de bien équilibrer les circuits (cuisinière, PAC, chauffe-eau, borne de charge) ;
  • de réfléchir éventuellement à une borne triphasée ;
  • d’anticiper, avec l’installateur, la façon dont le tableau électrique sera réorganisé.

Dans quelques maisons que j’ai visitées, le saut qualitatif ne venait pas seulement du solaire, mais surtout de la mise à plat complète du tableau électrique, avec une répartition propre des gros consommateurs sur les trois phases. Le confort et la stabilité s’en ressentent immédiatement.

Trois scénarios concrets où un kit 9 kW triphasé avec batterie fait sens

Pour rendre tout ça plus parlant, voici trois cas de figure inspirés de situations réelles (avec quelques détails modifiés pour l’anonymat).

Famille périurbaine avec PAC et véhicule électrique

Maison de 150 m² en région lyonnaise, 2 adultes, 2 enfants.

  • Pompe à chaleur air/eau en triphasé ;
  • ballon d’eau chaude 300 L ;
  • borne de recharge 7 kW pour un véhicule électrique ;
  • présence partielle en journée (télétravail 2 jours / semaine).

Consommation annuelle avant solaire : ~18 000 kWh.

Installation : 9 kWc sud + est, batterie 14 kWh utiles, onduleur hybride triphasé, optimisation de la programmation (chauffe sanitaire entre 11h et 16h, préchauffage de la maison sur heures solaires l’hiver, recharge VE principalement l’après-midi et début de soirée).

Résultat typique observé après un an :

  • production annuelle : ~11 000 kWh ;
  • taux d’autoconsommation : > 70 % ;
  • taux d’autonomie : ~40–45 % (part de la consommation couverte par le solaire) ;
  • facture annuelle réduite d’environ la moitié.

Le kit est pertinent, parce que la maison consomme beaucoup, souvent en journée, et que les gros postes (PAC, VE) sont bien pilotés.

Maison avec atelier de menuiserie en annexe

En Bretagne, un artisan a installé son atelier dans une dépendance attenante à la maison principale.

  • Plusieurs machines triphasées (scie à format, raboteuse, aspiration) ;
  • activité principalement en journée, 5 jours / semaine ;
  • maison chauffée au bois, électrique pour le reste.

Avant solaire, la consommation atelier + maison tournait autour de 14 000 kWh/an.

Installation : 9 kWc plein sud sur les toitures de l’atelier, batterie 10 kWh, priorité donnée à l’alimentation de l’atelier en direct sur solaire.

Résultat :

  • les heures les plus ensoleillées couvrent une bonne part du fonctionnement des machines ;
  • la batterie absorbe les surplus les jours de forte production et aide à couvrir le soir la maison ;
  • la réduction de la facture est importante, mais surtout, l’artisan « voit » ses machines tourner au soleil, ce qui change sa manière de planifier certaines tâches (il privilégie, quand c’est possible, les gros usinages en milieu de journée).

Grande maison mal isolée… où le 9 kW avec batterie n’est pas la baguette magique

À l’inverse, j’ai visité une grande maison en pierre dans le Sud-Ouest, 220 m², chauffage électrique direct, simple vitrage, peu de présence en journée (couple actif, enfants scolarisés).

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Consommation : plus de 25 000 kWh/an.

Le propriétaire envisageait un 9 kWc avec grosse batterie pour « faire baisser la douloureuse ». Le problème : sans isolation sérieuse, l’essentiel de la consommation restait concentré sur :

  • les périodes les plus froides (décembre–février), où la production solaire est au plus bas ;
  • les heures du matin et du soir.

Dans ce cas, même avec 9 kWc et une batterie généreuse, le gain aurait été limité par rapport au coût. La recommandation a été claire : prioriser l’isolation (combles, menuiseries) et éventuellement une PAC, puis seulement ensuite envisager le photovoltaïque. Dans bien des cas, le meilleur kWh solaire est celui qu’on n’a pas besoin de produire parce qu’on a réduit les pertes.

Quand un kit 9 kW triphasé avec batterie n’est pas adapté

Pour être honnête, ce type de kit n’est pas fait pour tout le monde. Il est souvent surdimensionné dans les cas suivants :

  • petits logements (moins de 90–100 m²) très bien isolés, sans gros consommateurs électriques ;
  • résidences secondaires occupées seulement quelques semaines par an ;
  • foyers très peu présents en journée, sans possibilité d’adapter les usages ;
  • maisons déjà très sobres (chauffage bois ou réseau de chaleur, peu d’appareils, pas de VE, pas de PAC).

Dans ces cas, un kit plus petit (3–6 kWc en monophasé, parfois sans batterie) sera souvent beaucoup plus rentable, avec un retour sur investissement plus rapide et moins de complexité technique.

Points de vigilance avant de se lancer

Si vous êtes dans une situation où un 9 kW triphasé avec batterie semble intéressant, quelques points à vérifier avec votre installateur :

  • Surface disponible : 9 kWc, c’est souvent 40 à 50 m² de toiture (selon les panneaux). L’orientation, l’inclinaison et les ombrages peuvent faire varier la pertinence du projet.
  • Raccordement Enedis : vérifiez la puissance souscrite, les contraintes éventuelles, la nécessité (ou non) de passer en triphasé si ce n’est pas déjà le cas.
  • Compatibilité batterie / onduleur : privilégiez des systèmes intégrés ou clairement compatibles, avec garantie solide (au moins 10 ans sur la batterie, 10–12 ans sur l’onduleur).
  • Stratégie de pilotage : regardez de près comment seront gérés PAC, ballon d’ECS, borne VE, piscine… Le cerveau (la régulation) est presque aussi important que les kWc.
  • Garanties et SAV : un système de cette taille mérite un installateur sérieux, joignable, et des composants de marques éprouvées. Le prix le plus bas n’est jamais le meilleur critère.

En résumé

Un kit solaire 9 kW triphasé avec batterie est un outil puissant, taillé pour des maisons :

  • de grande surface, bien équipées, souvent en tout électrique ;
  • avec des consommations significatives en journée (PAC, atelier, activité pro, VE, piscine) ;
  • occupées par des habitants prêts à adapter un peu leurs habitudes pour coller au soleil.

Ce n’est pas une solution universelle, mais, bien dimensionnée et bien pilotée, elle peut transformer une facture d’électricité en un vrai projet d’autonomie énergétique. Avant de signer un devis, la question clé à se poser reste la même : « Comment je consomme mon électricité aujourd’hui… et suis-je prêt à faire un peu différemment demain pour tirer le meilleur de mes futurs panneaux ? »