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Surplus photovoltaïque vers chauffe eau : câblage, pilotage et gains possibles en autoconsommation

Surplus photovoltaïque vers chauffe eau : câblage, pilotage et gains possibles en autoconsommation

Surplus photovoltaïque vers chauffe eau : câblage, pilotage et gains possibles en autoconsommation

Si vous produisez plus d’électricité photovoltaïque que vous n’en consommez en journée, deux options s’offrent à vous : la revendre quelques centimes… ou la transformer en eau chaude sanitaire pour votre foyer. Devinez laquelle a le meilleur rendement économique ?

Dans cet article, on va voir ensemble comment envoyer intelligemment son surplus photovoltaïque vers un chauffe-eau : câblage, solutions de pilotage, et surtout, gains réels en autoconsommation. Objectif : que votre ballon d’eau chaude devienne une véritable « batterie thermique » au service de vos panneaux.

Pourquoi le chauffe-eau est le meilleur ami du photovoltaïque

Sur le terrain, quand je visite des installations, je retrouve souvent les mêmes profils de consommation : la maison consomme peu en journée (tout le monde est au travail), la production solaire est au plus haut, et… le surplus part sur le réseau pour une poignée de centimes le kWh.

Le chauffe-eau, lui, coche toutes les cases :

Autrement dit, c’est une charge « souple » qu’on peut parfaitement adapter à la production photovoltaïque, contrairement à un four ou à une plaque de cuisson.

Les grands principes : comment valoriser le surplus vers le ballon

L’idée est simple sur le papier :

En pratique, il existe deux grandes familles d’approches :

Commençons par voir comment on câble tout ça, puis on entrera dans le détail des différents niveaux de pilotage.

Rappel de base : câblage classique d’un chauffe-eau avec contacteur heures creuses

Dans la plupart des installations françaises, le chauffe-eau est commandé par un contacteur jour/nuit (ou heures pleines / heures creuses), situé dans le tableau électrique. Son fonctionnement est simple :

Sur ce schéma classique, le chauffe-eau fonctionne principalement la nuit, quand le kWh est moins cher. Problème : ce n’est pas du tout le moment où vos panneaux produisent…

Pour tirer parti du photovoltaïque, on va donc jouer soit sur :

Solution 1 : décaler simplement la chauffe en journée (pilotage simple)

C’est la solution la plus accessible, souvent la première mise en place car elle ne demande presque aucun matériel supplémentaire.

Le principe : au lieu de chauffer la nuit, vous programmez votre chauffe-eau pour qu’il fonctionne en journée, pendant les heures de production solaire. Cela peut se faire de plusieurs manières :

Concrètement :

Avantages :

Limites :

Je vois souvent cette stratégie dans les maisons de campagne équipées de petites installations (3 kWc environ) : on n’atteint pas forcément un taux d’autoconsommation maximal, mais le rapport complexité / gain reste très intéressant.

Solution 2 : pilotage proportionnel du chauffe-eau (zéro injection ciblé)

Pour aller plus loin, on peut installer ce qu’on appelle un « routeur de surplus » ou un gestionnaire d’énergie photovoltaïque capable de mesurer en temps réel le flux au niveau du compteur et d’ajuster dynamiquement la puissance vers le ballon.

Le fonctionnement typique :

Par exemple, si à un instant T :

Résultat :

Dans certains cas, on utilise des résistances spécifiques dites « pilotables », mais la majorité des chauffe-eau standards à résistance blindée ou stéatite peuvent être adaptés, sous réserve de respecter les puissances et câblages prescrits.

Avantages :

Inconvénients :

Sur des installations que j’ai suivies en autoconsommation pure (sans contrat de vente de surplus), ce type de solution permet souvent de passer d’un taux d’autoconsommation de 30–35 % à 60–70 %, parfois davantage si le ballon est suffisamment dimensionné.

Câblage type d’un chauffe-eau avec routeur de surplus

Schématiquement, on retrouve les éléments suivants dans le tableau électrique :

En cas de défaillance du système, le ballon peut être basculé en mode « marche forcée » via un contacteur classique, pour garantir la présence d’eau chaude même sans routeur. C’est un point que j’insiste souvent auprès des installateurs : la domotique ou le pilotage avancé ne doivent jamais empêcher un fonctionnement simple de secours.

Que peut-on espérer comme gains en autoconsommation ?

Passons aux chiffres, parce que c’est souvent là que tout se joue quand on hésite à investir dans ce type de pilotage.

Prenons un cas réel, très représentatif :

Sans pilotage spécifique :

Avec simple décalage de chauffe en journée :

Avec routeur de surplus proportionnel :

D’un point de vue économique, si le kWh réseau vous coûte par exemple 0,20 € TTC, chaque kWh solaire utilisé pour chauffer l’eau plutôt que de l’acheter au fournisseur représente cette économie brute. Sur les installations que j’ai analysées, les temps de retour sur un routeur de surplus pour ballon se situent souvent entre 3 et 7 ans, selon :

Gestion de la température et confort : ne pas oublier l’usage réel

On pourrait être tenté de pousser le ballon à des températures très élevées pour « stocker un maximum de solaire ». Mauvaise idée si c’est mal maîtrisé.

Quelques points de vigilance :

Une stratégie que j’apprécie particulièrement :

En pratique, la plupart des gestionnaires d’énergie récents permettent de régler facilement ces paramètres, voire d’ajouter des « scénarios » (mode absence, mode été, etc.).

Aspects normatifs et sécurité électrique

Dès qu’on parle de modifier un câblage existant, quelques rappels s’imposent :

Dans mes visites, j’ai déjà vu des résistances de ballon pilotées par de petits modules variateurs « pour lampes » de 500 W montés en fond de coffret. Un bon moyen de gagner quelques kWh… et des cheveux blancs quand on pense à l’échauffement du dispositif. Sur ce type de montage, la rigueur n’est pas optionnelle.

Si vous n’êtes pas à l’aise avec le câblage, faites-vous accompagner par un électricien agréé ou par l’installateur photovoltaïque qui pourra intégrer ce pilotage directement dans son offre.

Et après le chauffe-eau ? Étendre la logique à d’autres usages

Une fois que le ballon est optimisé, il reste parfois encore du surplus à certaines périodes de l’année (printemps, journées très ensoleillées avec peu de présence au domicile). La même logique de pilotage peut s’appliquer à :

Mais si je devais choisir un seul poste pour commencer, ce serait toujours le chauffe-eau. Il offre le meilleur compromis entre simplicité, capacité de stockage, acceptabilité par les occupants et gains économiques tangibles.

En somme, orienter son surplus photovoltaïque vers un ballon, c’est transformer une production parfois abstraite en un geste très concret : l’eau chaude de la douche du matin est, littéralement, chauffée par le soleil tombé sur votre toit la veille. Et ça, au-delà des kWh et des euros, c’est une satisfaction que je vois rarement se démentir chez les particuliers que j’accompagne.

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